Mes a priori sur l’art contemporain remontent à mes
cours d’art plastique de collège lorsque j’ai découvert, par
l’intermédiaire d’une prof excentrique et tyrannique, le travail de
Marcel Duchamp ; souvenir traumatique qui longtemps
m’empêcha d’entrer dans un musée d’art contemporain sans penser
sarcastiquement à un urinoir ou à une roue de vélo sur un tabouret qu’un
imposteur, habile rhéteur, avait décrétés œuvre d’art.
Une vaste imposture, semblable à celle des deux escrocs du conte d’Andersen, Les habits neufs de l’empereur ; voilà ce que je pensais encore récemment. Je n’ai pas eu de révélation depuis mais j’ai appris à mettre mes préjugés de côté,
bannir la phrase « N’importe qui aurait pu faire la même
chose… », chercher à comprendre l’intention de l’artiste et/ou
laisser mes sens l’emporter sur la raison. C’est donc avec une curiosité
non feinte que je suis rendue à l’exposition d’Edo Murtić, artiste peintre croate, au musée d’art contemporain de Zagreb.