Londres, dans ma tête, c’est d’abord de grands musées.
Ironie du sort, ceux que je voulais absolument voir, je n’ai pas eu l’occasion d’y aller (snif, les dinosaures ! snif, l’Egypte ! [1]) et je me suis retrouvée au Tate Modern, musée d’art moderne. Or ma sensibilité esthétique est proche de celle de l’huître quand il s’agit d’apprécier des œuvres qui vont au-delà de l’impressionnisme. Oui, je l’avoue le cubisme, Picasso et moi, ça fait 3. Quant à l’art abstrait…
Le Tate Modern, ancienne centrale électrique
Néanmoins, ma curiosité et mon désir d’apprendre étant plus forts que mon mépris - relevant d’une ignorance crasse - pour l’art moderne (n’empêche que carré blanc sur fond blanc…), je me suis engagée dans ce musée. Direction le stand des petits guides audio, où j’ai troqué mon passeport contre un petit - à défaut d’être joli - smartphone, chargé de me délivrer tous les mystères des œuvres pour ne pas avoir à écarquiller mes yeux devant elles.
Petit tour d’horizons des œuvres que j’ai appréciées, qui m’ont fait réfléchir, fuir, rire ou tout bonnement de celles dont je me souviens. Photos interdites, donc malheureusement, vous devrez faire confiance à ma mémoire qui sature déjà avec le programme colossal de cette année :d
J’ai squeezé de nombreuses oeuvres d’art qui étaient noires, glauques, violentes, perturbantes, effrayantes presque inconsciemment. Elles provoquaient en moi une sorte de rejet, de dégoût visuel. Je me suis laissée guidée par mes yeux, et ne me suis donc arrêtée que devant les œuvres qui ont su capter mon regard.
- Miroslaw Balka, Soap and stainless steel, 2002 : Ce sont les très jolies couleurs de morceaux de savons enfilés bout à bout et suspendus au mur par un fil qui ont été les premiers à retenir mon attention. Heureusement mon petit guide je sais tout et je vais t’expliquer but in english because you must practise était là, et du coup j’en ai appris un peu plus. Cette installation a d’abord été exposée au Japon, l’artiste a demandé aux habitants de lui donner un morceau de savon (ce qui explique les différentes tailles, couleurs). Parmi les pistes de réflexion que j’ai trouvé intéressantes : le fait que la ligne représente le temps, que ce travail rend hommage à la vie de ces personnes. Même si pour ma part, je me contente d’apprécier l’association des différentes couleurs et des formes.
- Jean Dubuffet, La vie affairée : Une oeuvre étrange qui rappelle des dessins enfantins. C’est le but, me dit le petit guide. L’artiste ayant pour source d’inspiration ce que les enfants peuvent faire avec leur imagination. Retenue plus comme transition pour parler de l’initiative du musée qui propose diverses activités aux enfants, tout au long de ma visite, des petits étaient en train de crayonner et de colorier. P.S : La toile n’est pas aussi pâle en vraie il me semble.
- Monet, Nymphéas, après 1916 : De l’impressionnisme ! Quelque chose que je comprends et qui me plaît ! Célèbre toile (j’ai pu voir d’autres tableaux de Monet sur le même thème au National Gallery) qui rend bien mieux en vrai. Je ne pensais pas que le tableau était aussi grand, il faut prendre pas mal de recul pour tenter d’englober l’œuvre du regard. On comprend quand même l’incompréhension des contemporains qui qualifiaient l’œuvre de croûte.
- Henri Matisse, L’escargot, 1953 : A nouveau attirée par les couleurs. Je sais pas trop pourquoi j’aime ce tableau. Peut être pour le petit détail en haut à gauche ^^
- Barnet Newman, Eve et Adam : L’artiste qui m’a laissée la plus perplexe (et dont je me souviens encore). Deux tableaux en diptyque (je crois qu’on dit comme ça).
Si vous comprenez quelque chose et en quoi ça symbolise Eve et Adam, aidez moi. J’ai passé pas mal de temps à me poser la question. Y’a bien l’explication de l’audio guide du Tate Modern, mais elle n’ouvre que des pistes de réflexion et ne fait que proposer des hypothèses. C’est frustrant l’art moderne !
- Constantin Brancusi, The Fish : Sculpture. Tout l’intérêt de la sculpture est révélée quand le spectateur tourne autour d’elle, se penche vers le miroir. J’ai beaucoup aimé le concept. En règle générale, toute œuvre qui demande la participation du spectateur me plaît. A voir sur place !
- Une dernière installation de Robert Morris.Selon notre position, notre reflet est renvoyé sur les autres faces des cubes. C’était drôle de voir tout le monde se pencher et les miroirs se remplirent de pieds, de visages, de mains et se dupliquer.
Visite qui m’a beaucoup plu, j’ai découvert queje pouvais aimer l’art moderne (par contre Duchamps, je peux vraiment pas…Traumatisme de collégienne et des cours d’Arts Plastiques !), que je n’étais pas vouée au destin de l’huître, que je n’étais peut être pas complètement insensible (déjà qu’en poésie, à quelques exceptions près, je n’aime pas grand chose). Bref, qu’il y avait encore de l’espoir, qu’on pouvait me rattraper ;)
Note
[1] Petite explication, mon séjour tombait pile au moment des vacances des petits, et fallait attendre trop longtemps pour entrer dans ces musées qui attirent énormément de familles, surtout que c’est gratuit.
1 De La Dame -
Comme toi, pas trop fan de l'art contemporain. Les trois quart du temps l'artiste n'a pas de technique, et se contente d'enfiler les concepts comme des perles en espérant que çà parle à quelques bobos ravis de se creuser la soupière devant... rien, ou pas grand chose...
Au printemps dernier, j'ai fait le musée des beaux arts de Montpellier (qui est très chouette, soit dit en passant) dont les collections vont de la peinture hollandaise (miam) à l'art contemporain. C'est là que tu mesures le fossé entre les artistes. Autant parfois, les peintres des siècles passés se contentent de faire de la belle image mais sans y mettre beaucoup de sens, autant les contemporains sont rarement capables de faire du beau mais encore moins d'y mettre quoi que se soit...
Genre, ce type qui exposait des toiles noires géantes. 4 salles remplies de toiles noires avec des gros tas de peinture...
Bon, dans ce cas, filez moi une toile, de la gouache, un pinceau et un Télérama et je vous fait une expo...
Cela dit, il ne s'agit pas de généraliser non plus, ils y en à qui sont sans doute doués, dans le lot. Sauf que moi, même Miro ne me parle pas (surtout Miro en fait : "Tâche noire sur fond blanc" me fait encore hurler de rire, dix ans après. C'était pas çà l'effet recherché ?)
2 De Lluciole -
Aaaaaah, merci ! Parce que Miro c'est pareil pour moi. Je connaissais de nom, et les toiles que j'ai vu au Tate...
Oui, c'est aussi quelque chose qui me fait rire dans l'art moderne. Le type te pond un rectangle rouge avec une rayure bordeau, te dit que c'est Eve. Et à toi de réfléchir dessus...
Le pire étant ceux qui sont incapables de maîtriser les canons de la peinture, et te disent qu'ils rompent avec les codes.
C'est un argument facile, je trouve. Pour se jouer des codes, faut peut être commencer à les maîtriser.
Ah autre chose, c'est quoi cette manie de faire des toiles hideuses, toutes noires, etc... ? Je sais bien qu'ils voulaient encore une fois se démarquer des règles de la peinture. Mais, faire du laid pour du laid...
Après, je suis allée au National Gallery, y'avait aussi quelques toiles relativement modernes (cubisme), mais on commençait la visite avec les peintres italiens et hollandais, en passant par les français puis par les anglais (je me souviens que de Turner). Ca permet de voir les différents styles et de les comparer.
3 De La Dame -
Woooh Turner, graaaooouuu... J'ai eu la chance de voir à Paris il y a quelques années l'expo Turner Whistler Monet au Grand/Petit (je ne sais jamais) Palais.
3Heures de queue par -10degrés (on était en plein hiver et à l'ombre. Et la preuve qu'il faisait froid, çà neigeait le lendemain).
Bref tout çà pour dire que c'était fabuleux.
Pour en revenir à ton histoire de "brisage de codes", çà me fait penser aux réalisateurs soit disant d'avant garde, qui pondent d'odieux films en DV (conséquence immédiate : l'image est archi moche) en excluant volontairement toute mise en scène (rendant l'ensemble encore plus moche que la photo, donc).
En vrac les Dardennes, Maïwenn (j'ai renoncé au bout de 10 mn de "Pardonnez-moi" et encore, je trouve que je suis allée vachement loin, pour la science) l'autre Dumont dont j'ai oublié le prénom et le réalisateur du dernier James Bond (ok, là j'abuse un peu, mais zut quoi).
Et j'ajouterai qu'en littérature, on trouve les même gus.
Attention, je m'apprête à proférer une énormité, mais je vais quand même la dire.
Voilà, je suis en train de lire "La Route" de Cormach Mc Carthy, que personne ou presque ne connaissait en France avant que sorte "No Country for old man" mais que ce même tout le monde va porte aux nues maintenant.
J'en sais rien "No Country", je l'ai vu, aimé, mais pas lu.
"La Route", en revanche, est merveilleuse, si tu cherches des prétextes valables pour te pendre.
Bon, oui, énorme question ambiance, descriptions, tout çà...
Mais lorsque les dialogues entre les personnages sont inclus directement dans le corps de texte, sans tiret, guillemet, rien du tout, çà devient vite pire qu'une discussion dans un bouquin d'Anna Gavalda.
Sans parler de faire des phrases qui n'en sont pas, avec juste des mots et quelques adjectifs.
Cela dit, ce genre de chose se fait, mais répété toutes les pages, çà devient un tantinet, comment dire...
Alors on me dira : "mais idiote, c'est la fin du monde, l'apocalypse tout çà ! Briser les codes de l'écriture revient à restituer le chaos et la vacuité du monde machin ! Merde, quoi !"
Et bien, non, je trouve çà trop facile. Comme cet escroc de Miro qui nous expliquera "Ma qué y'ai mi oun tâche dédans la toile qu'elle est blanche porqué çà montre qué le monde il est absourde tou comprendé ?"
Non. Désolée.
4 De mimylasouris -
Il faudra peut-être que je me lance un jour, mais l'art contemporain ne m'attire pas du tout (et pourtant j'adore les trucs un chouilla tordus). J'avais essayé de me débloquer au MoMA, mais les monochromes Klein m'ont autant fait rire que vous les Miro, et me suis déjà plus amusée devant des fourchettes tordues (au sens propre, cette fois-ci) - genre des mains de Cruella. Au final, j'ai surtout passé du temps sur l'expo Dada, qui m'a bien fait tripper.
5 De Vox -
Alors un petit conseil surtout si vous visitez Vence(Provence), la Fondation Maeght, temple du contemporain est un endroit pas fait pour vous, ou alors pour une tranche de rire. Je l'ai fait pour faire plaisir à mon homme, mais décidemment non ça m'a laissée froide. Question: comment mettre de l'argent dans pareilles foutaises, la plupart du temps, il faudrait que François Pinault me donne des cours.
6 De Lluciole -
Mais as tu l'argent pour qu'il accepte de te donner des cours ;)
Depuis Spinoza, je deviens parano. Je soupçonne tout le monde que je ne connais pas d'être un bot, mais bienvenue quand même ! :)
Si tu es un bot, tu es l'un des plus réussis qu'il m'a été donné de voir. Parce qu'il n'y a pas de hors sujet pour une fois.
(Et mince, elle va me prendre pour une folle et pour accroître ma paranoïa, elle ne répondra pas !)
7 De Vox -
BOT ???
Pas encore assez geek pour comprendre. J'adore ton site.
8 De Lluciole -
Ah ça va ! Tu es une vraie personne !
Un bot, c'est un robot, une IA qui vient spammer sur les blogs. Comme je viens d'avoir la visite de Spinoza et de Sartre, et d'un genre de bot bien plus évolué que ceux que j'ai rencontré (et j'ai eu affaire à une multitude de variantes dans ma courte vie geek).
Pas que ton commentaire m'ait donné l'impression que tu sois un bot, mais je suis dans un tel état de perplexité que j'en viens à me méfier de tout le monde. Oui, c'est le début de la folie :p
Et c'est gentil, merci :) (Réflexion du geek : Peut être une tentative de flatterie pour m'amadouer ? Je connais des bots capables de ça...raaaaah que penser ?!)
P.S : Désolée, si ça a pu te vexer, mais avec ce nouveau genre de spams...Je peux pas m'empêcher de douter.